mardi 30 janvier 2007

L’humour sarcastique de Brassens au quotidien

Pierre Cordier, ami et photographe de Brassens, encouragé par ce même Brassens « à suivre une route non fréquentée encore et pleine d’escarpements », est inventeur du chimigramme.
Il a travaillé aussi sur des hommages à Michaux.

Dans son bouquin « Je me souviens de Georges » il confie qu’il reste persuadé qui si Georges avait eu une alimentation un peu plus saine, plus équilibrée, la Faucheuse ne serait pas venue si tôt lui moissonner son dernier jour.

Georges Brassens est mort d’un cancer du colon à soixante ans, passés d’une semaine.

On connaît les années de vaches maigres de l’impasse Florimond, Brassens attendant pendant plus de sept ans que quelqu’un daigne venir jeter un coup d’œil sur son travail.

Ça viendra.

En attendant, ce sont des années où Georges ne se nourrit pratiquement que de conserves et de pâtes.
Il grossit outrancièrement.
Ses amis qui ne l’appellent plus que « Le Gros », s’inquiètent, enfermé qu’il est à longueur de journée à lire, lire, lire encore et à écrire, écrire, toujours écrire.
Pierre Onteniente dira plus tard : "J'avais peur qu'il ne tourne gangster..."

On sait aussi que le succès étant venu cet homme, qui n’a par ailleurs pas changé grand-chose à ses habitudes, s’est tout de même acheté une maison, une gentilhommière à Crespières…

Il y va de temps en temps…Il paraît qu’il s’y ennuyait un peu.

Un jour donc Cordier et Pierre Nicolas, voulant faire plaisir à Brassens, débarquent à Crespières avec des cageots de mirabelles toute fraîches, achetées au marché.

Ils sont accueillis par des railleries amicales, des plaisanteries du poète qui descend précipitamment à la cave et qui dit :

- Moi aussi, j’en ai de belles mirabelles ! Et notre homme de revenir avec des bocaux de conserve de prunes.
Les meilleures conserves selon lui.

Pierre Cordier a récemment lu un ouvrage sur la diététique, l’hygiène alimentaire…

Il veut argumenter et commence ainsi son propos :

- Tu sais , Georges, j’ai lu un livre qui…

Brassens l’interrompe aussitôt et, en signe de renoncement :

- Alors, si t’as lu un livre….