vendredi 25 mai 2007

Comment dirais-je..?

ô, homme heureux,
c'est chiant, hein?, d'être appellé " homme heureux", ça fait çui qu'a rien connu des problèmes qui font qu'on est si content quand ils s'arrêtent, qui s'enlise dans sa bedaine de bandeur mou.
Je recommence:
ô, homme malheureux,
c'est encore plus chiant! ça fait chialeur déprimé , ennuyeux, mauvais vivant, macrobiotique, dépressif larmoyant, houellebequien.
Je recommence:
ô, homme bienheureux,
alors ça, c'est carrément catho, çui qu'a trouvé sa route, le sage qu'hésite pas, çui qu'a tout compris et qui, malgré tout, comme un con, un jour ou l'autre, crève.
Je recommence:
ô homme mal heureux,
c'est mieux, ça commence à ressembler à quelque chose, un effort a été produit, effort qui devrait s'avérer payant en fin de trimestre à condition d'y mettre du sien.
Toutefois, je recommence:
ô, homme mal bienheureux,
là, c'est carrément se foutre du monde.
Je recommence:
ô, homme mal malheureux,
je crois qu'on y arrive, mais il est tard, j'ai oublié ce que je voulais te dire, je vais me coucher.
sleep tight.
Dom.

jeudi 24 mai 2007

L'araignée

L'araignée tisse sa toile et les mouches par milliers viendront éteindre leurs vols dans le piège infernal.
Des amis d'enfance aux postes suprêmes de la police. Un copain derrière la caméra du plus puissant média se taillant 50 pour cent du fromage national.
Police et propagande, les deux ingrédients de la puissance unique sont servis.
Que commence le banquet et qu'on y serve de la cervelle de mouche finement rôtie !
A quand un grand congrès, une démonstration effrayante de mégalomanie, des drapeaux par millions qui claquent comme des fusils sous la colère des vents et des micros qui éructent la salive et qui lézardent la raison au plus profond de sa blessure humaine ?

Et les mouches par milliers butinent, butinent, butinent la fleur empoisonnée....votent, votent, votent d'une main que leur dicte la loi du plus fort, la loi d'un chasseur qui pour gober sa proie prit conseil auprès du braconnier gabonais, en place depuis 40 ans !

Mouche printanière, démocrate, modérée, lâche mouche insouciante, ne vois-tu pas dans le pâle silence d'un matin de rosée, tendue entre deux herbes folles de la prairie, l'oeuvre en filigrane et sur laquelle tu cours crucifier ton voyage ?

Tes ailes bleues frémissantes par l'approche de la mort, bourdonneras-tu, comme tant de mouches avant toi prises au piège, " J'savais pas, j'avais pas vu, j'savais pas, j'avais pas vu, j'savais pas, j'avais pas vu...." ?

mercredi 16 mai 2007

Quelle époque !

« C’était un de ses hommes politiques à plusieurs faces, sans convictions, sans grands moyens, sans audace et sans connaissances sérieuses, avocat de province, joli homme de chef-lieu, gardant un équilibre de finaud entre tous les partis extrêmes, sorte de jésuite républicain et de champignon libéral de nature douteuse, comme il en pousse par centaines sur le fumier populaire du suffrage universel.
Son machiavélisme de village le faisait passer pour fort parmi ses collègues, parmi tous les déclassés et les avortés dont on fait des députés...»
« Bel-Ami » - Maupassant - Le livre de poche - Page 215

Pour être un lecteur assidu de Maupassant, je ne crois pas pour autant qu’il fut un visionnaire.
Ce qui me désole au plus haut point.
Il eût en effet mieux valu.
Car si tel avait été le cas, le portrait dressé de ce génial trait de plume, aussi finement aiguisé que peut l'être une arme de précision, au moins serait à sa place en notre temps, dramatiquement, certes, mais à sa place tout de même ; dans un mouvement entrevu des choses et par l’écrivain annoncé.
Mais Maupassant était un observateur redoutable de son temps. Ce qui en fait en même temps, à son insu et à notre grand dam, un observateur du nôtre.
Nous n’avons donc pas bougé d’un pouce, pas d’un millimètre, pas même de l’épaisseur d’un poil de mon cul, depuis « Bel ami », depuis 1885, voilà maintenant cent vingt deux ans !
La peinture féroce de Maupassant, mot pour mot, virgule pour virgule, point par point, est en effet d’une désolante actualité.
Et j'entends donner du groin ces bourgeois surannés au ventre replet, aux petits rots porcins d’après bonne bouffe, avec des mines de cochons de lait et la tête pleine d'affligeantes certitudes , ces mêmes nullités politiques et les mêmes électeurs couinants de plaisir et prêts à leur faire allégeance, celui-ci de la main droite, celui-là de la main gauche, cet autre encore des deux mains.
Décidément, depuis le temps qu’il y a des hommes et qui lisent Maupassant, peu sont venus pour en tirer profit.