jeudi 8 mars 2007

Correspondance

Vieille tour que le soir dorait dans le lointain,

Je me méfie : 11.30 : la réponse risque d’être longue. Vaut mieux fichier joint.
Bien reçu tes explications sur lesquelles il me faudrait rebondir, mais si on passe son temps à rebondir, on ne va pas au but. Oh ! Oh ! le poète exilé, il va me dire : « Mais il n’y a pas de but » Mais moi, le foot, je n’y ai joué qu’à trois, sur le parvis du temple protestant à La Rochelle, avec mon frère et mon cousin, mon frère était attaquant, mon cousin, goal, et moi, qui suis resté le plus fier, « goal volant ». J’aimais bien ça, goal volant, pour le mot d’abord, et puis parce que je me faisais pas chier à attendre que la balle arrive, comme tous ces fainéants de goals qui sont payés des fortunes pour regarder le match mais bon je digresse. Tu vas me dire, si on rebondit, on arrive plus vite en touche, et la vraie partie, elle se joue là, tout autour des touches. Oh ! Oh ! poète, rue St Michel, il n’y avait qu’une touche, sur le parvis du temple, en face, c’était le mur. Quand la balle partait en touche, fallait traverser la rue, avec les deux chevaux, les arondes, les ondines, les dauphines, les quatre chevaux, les quatre santrois, les juva 4, les Ysetta, les tractions, et les clochards qui poussaient une charrette tirée par-dessous par deux chiens serviables et, il faut bien le dire, efflanqués.
Je suis bien d’accord avec toi, sur la façon d’écrire qu’on sent bien une mode, qui voudrait sonner le glas de ce qui précède alors qu’elle ne sonne que le creux de ce qui risque de suivre. Mais je crois que j’en parle dans ma lettre, elle doit être en train –ou en avion- de passer la frontière en ce moment. Mon copain Patrick, li, se réclame du romantisme allemand, mais je ne trouve que des définitions floues, il faudra que je regonfle mon ballon, de cet air dont on fait les flûtes.

Avons joué au Corrigan’s hier soir, jusqu’à une heure de ce matin. Un admirateur, mais le mot est un peu fort, m’a dit qu’il existait des partitions et un groupe spécialisé dans le Brassens irlandais. L’expression fait mal, mais je savais qu’il y avait quelque chose à faire dans ce sens. Après que j’ai chanté Les dames du temps jadis, le groupe reprend le thème en valse un peu moyenâgeuse, et poursuit par une valse irlandaise qui lui ressemble fort et c’est très beau, oui monsieur, très beau. Les reels irlandais ne sont ni plus ni moins que les tchapoum tchapoum du poète callipyge. J’ai chanté avec autant de plaisir que de succès, vois la modestie de mon propos, « Pour me rendre à mon bureau » de J Boyer, que le poète cacochyme interpréta bêlement.
Mais je m’égare, je m’égare, j’ai voulu répondre surtout à ta demande de Souvenir de Concert , que je pense avoir satisfaite par un fichier joint quelque part. Mais si, tu l’as reçu puisque tu m’as demandé si il fallait corriger « Wieshna » par Wioshna ». Enfin , je le joins quand-même. J’en n’ai pas fait d’autre depuis.

Ici, la pluie, la pluie, la pluie. Mais c’est bien. On a battu le record de février et c’est bien pour la nappe. Le Mignon est devenu ravissant. Ils vont pouvoir reprendre le maïs. Pour ma part, j’ai trois tâches en vue pour cette journée de vacance en solitaire. (Jan est partie bosser à 7 heures, à Bordeaux) :
regarder le double DVD que Gilles m’a prêté : « No direction Home » de Scorsese, sorte de biogaphie- reportage-film-concert sur Bob Dylan.
Dès que la pluie cesse, filer à Benon, parce que je sais qu’ils ont une thèse sur les origines du village, et je me souviens vaguement de la première page qui dit que le mot vient de BENE… : « où il fait bon vivre », un peu comme ben’aise. Ce gros bouquin (jamais édité) relié par les moyens Dubord, a été en vente au tabac de Courçon jusqu’au mois dernier, où son auteur mourut de sa belle mort, il s’appelait Bonneau et il était venu me voir quand j’enseignais là-bas, pour consulter les registres d’appel du siècle antepénultième. Je dois voir aussi pour Champ Chalons, c’est là qu’ils ont trouvé les tumulus, mais rien non plus sur les sites de toponymie que tu as dû consulter.
Poursuivre mon étude du Modeste, qui n’avance que modestement et dont je te livre les deux premières lignes :
« Les pays, c’est pas ça qui manque,
On vient au monde à Salamanque »

Ça y est ! Nous sommes chez Brassens…

Que voilà un bon début ! tout le reste est étiqueté mais non rédigé. Le plus agréable reste à faire. Ça viendra, ça viendra. Paris ne s’est pas fait en un jour. Tous les proverbes ont beau être cons dans le fond, parfois, la forme est belle. Il faudrait faire un recueil de tout ça, avant qu’ils ne disparaissent.

- Oui oui, Monsieur l’Inspecteur.

Bisoudom.
Dominique